Négociations commerciales, une histoire sans fin
Pour les négociations commerciales à marque nationale, la ritournelle est toujours la même. Industriels et distributeurs se renvoient la balle en matière de responsabilité. À voir si la DGCCRF y mettra davantage son nez comme l’an passé.
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Le 28 février au soir, se clôturent les négociations commerciales avec les marques nationales. Et comme tous les ans, c’est la guerre. La veille, les sections d’élevage de la FNSEA (FNPL, FNB, FNO et FNC) dénonçaient d’une même voix, dans un communiqué, une remise en cause du prix de la matière première agricole (MPA) dans les box de négociation du fait de difficultés à négocier sur la matière première industrielle (MPI). Déjà le 23 février, Yohann Barbe, président de la FNPL, martelait que la MPA ne se renégocie pas. Il dénonçait aussi des produits déréférencés au détriment des PME et des filières de qualité. « Il y a toujours autant d’opacité », selon lui. Interrogé sur le sujet, le 26 février, lors d’une conférence de presse organisée par Karine Le Marchand au Sia, avec cinq autres PDG de GMS (Auchan France, Les Mousquetaires, Coopérative U, Casino), Alexandre Bompard, PDG de Carrefour a répondu : « Les négociations se déroulent comme chaque année et pas dans une espèce de conflictualisation grotesque. […] Cela fait six ans que je suis dans le secteur et cela fait six ans que c’est “de plus en plus tendu” ! Notre métier est de donner du pouvoir d’achat aux Français. Lorsqu’il faut négocier avec des multinationales, cela n’est pas simple. Pour les PME et les PMI, les négociations sont pluriannuelles. […] Il faut garder en tête que depuis des dizaines d’années, on a des contrats de long terme avec les producteurs. Nous travaillons tout au long de l’année dans un cadre de relation apaisée. […] Nous voulons de la transparence sur la matière première agricole (MPA) et que ce prix nous soit communiqué par les industriels. Nous sommes pour que les producteurs puissent discuter avec les industriels en amont des négociations. Et nous demandons la suppression de l’option 3 dans la loi Egalim 3 pour plus de transparence. Cela créera un cadre de négociation plus apaisé. »
Appliquer les lois avant tout
De son côté, Pascal Le Brun, président de la Coopération laitière, estimait en conférence de presse le 26 février, que « cette année, c’est encore très compliqué. Les contrats se signent difficilement. Cette guerre des prix ne fait qu’affaiblir l’amont agricole ». Pour autant, Sodiaal aurait plutôt bien sorti son épingle du jeu, selon certains professionnels. Il « reste confiant pour l’année 2025 sur les prix du lait ». Pour les syndicats minoritaires comme la Confédération paysanne, la question porte sur l’importance des contrôles de la part de l’État. « Cela se concentre tout le temps sur cette guéguerre. L’enjeu n’est pas là. Il est dans les contrôles par la DGCCRF. La difficulté d’avoir de la transparence ne fait qu’alimenter cette guéguerre », relève Stéphane Galais, secrétaire nationale. Pour lui, le maître mot reste avant tout le renouvellement des générations. La DGCCRF avait déjà rappelé à l’ordre les GMS avec un courrier à la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), fin janvier, concernant de possibles « pratiques abusives » à la suite « du contexte de recomposition du secteur de la grande distribution ». « Sur Egalim 4, on ne s’attend pas à grand-chose. Le discours d’Annie Genevard ne nous rassure pas », continue le représentant syndical. Quant à Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, elle reste sans appel : « Ce n’est pas Egalim qui a donné des hausses de prix au producteur ! Et puis ces hausses ne couvrent toujours pas nos charges. Le compte n’y est pas. » Pour beaucoup, avant de se lancer dans une quatrième loi, il s’agirait déjà de faire appliquer les premières. C’est d’ailleurs le message de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) dans un communiqué du 25 février titré : « Les distributeurs n’ont qu’une seule action à mettre en place pour soutenir l’agriculture française : appliquer la loi Egalim ! » L’organisme dénonce aussi « son contournement via l’utilisation de leurs centrales d’achat internationales ».
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